Le renard polaire : le dossier completContents
- 1 Description du renard polaire
- 2 Comportement du renard polaire
- 3 Distribution et habitat du renard polaire
- 4 Statut de conservation du renard polaire
- 5 Taxonomie
- 6 Le renard polaire et l’humain
- 7 Histoire du renard polaire en Islande
- 8 Photographier le renard polaire
Le renard polaire (Vulpes lagopus) ou renard arctique est un petit canidé des régions arctiques. Il est commun dans le biome de la toundra. Sa fourrure épaisse et sa morphologie lui permettent de vivre dans des conditions de froid extrême. Comme tous les renards, il est opportuniste et s’adapte assez rapidement à son environnement. À titre d’exemple, le renard polaire d’Islande s’est acclimaté à l’absence de lemmings sur l’île, en adoptant un régime essentiellement constitué d’oiseaux et d’animaux marins.
Par ailleurs, le renard polaire a toujours fasciné l’humain, certainement pour sa capacité à vivre en arctique. En effet, aujourd’hui, il attire des touristes et des naturalistes du monde entier qui vont observer et photographier le renard polaire en Islande, au Svalbard ou au Canada.
Nous avons la chance de travailler sur l’espèce et d’organiser un stage d’observation de renard polaire en Islande. Chaque année, nous emmenons en été et en hiver un groupe de photographes ou de naturalistes passionnés à la rencontre de cette espèce emblématique de l’Arctique.
Description du renard polaire
La morphologie et la physiologie du renard polaire ont très clairement été influencées par deux facteurs : d’une part le froid extrême et d’autre part la raréfaction de la nourriture.
Ainsi, le renard polaire est plus petit que son cousin le renard roux. Il mesure entre 45 cm et 70 cm pour une moyenne de 5 kg avec un dimorphisme sexuel. Toutefois, ce dimorphisme semble affecter le poids plus que la taille. Il est aussi le seul canidé à avoir un dimorphisme saisonnier, changeant de couleur de fourrure entre l’été et l’hiver.
Le renard polaire est court sur pattes. Son museau est moins long que celui du renard roux, et ses oreilles sont petites et arrondies. Le corps du renard polaire est donc petit et compact, c’est la raison pour laquelle les échanges thermiques avec l’extérieur sont limités.
De plus, le renard polaire est l’unique canidé à avoir des poils sous les coussinets. Cette caractéristique isole ses pattes et le protège de la neige et de la glace.
D’ailleurs, son nom scientifique (lagopus) vient de cette caractéristique. Ce mot signifie littéralement « patte de lièvre ». Lagopus est également le nom scientifique du lagopède (alpin ou des saules), qui lui-même a des plumes sous les pattes.
Par ailleurs, le corps du renard polaire est protégé par une épaisse fourrure, en deux couches en hiver. Les poils intérieurs sont courts et très denses, tandis que les poils externes sont plus longs et protègent de l’humidité. Il est à noter qu’en hiver, sa fourrure s’épaissit de 140% !
Le renard polaire a des prédateurs variables en fonction des régions. A l’extrême nord de son aire de répartition, son seul prédateur est l’ours polaire. Dans les latitudes plus basses, les prédateurs sont plus nombreux avec le grizzly, l’aigle royal et le renard roux. Enfin, son premier prédateur reste l’humain. La chasse au renard polaire est autorisée partout, sauf dans les réserves naturelles protégées.
La durée de vie du renard polaire
Dans la nature, les conditions extrêmes font de la vie du renard polaire un parcours du combattant. Si certains individus dépassent régulièrement les 10 ans, la plupart des renards polaires meurent avant d’atteindre leur première année.
En effet, les renardeaux polaires doivent accumuler des couches de graisse entre le printemps et l’automne, c’est-à-dire dans un laps de temps de trois mois, pour faire face à leur premier hiver. Ils doivent ensuite prendre leur autonomie et trouver un territoire. Dans ces conditions, la majorité des renardeaux polaires meurent durant l’été ou le premier hiver. Ceux qui survivent ont alors plus de chance de vivre plusieurs années.
Nous avons constaté en Islande que les renards polaires qui sont nés à proximité des falaises ont plus de chance de survie que ceux qui sont nés en plaine ou à proximité d’une plage. Les falaises, avec leur centaines de milliers d’oiseaux marins, offrent un meilleur départ pour les renardeaux polaires que les plages où ils se contentent de ce que rejette l’océan et de petits crustacés.
Les différents morphes du renard polaire
Le renard polaire présente deux morphes : le renard polaire blanc et le renard polaire brun ou bleu.
Globalement, le morphe bleu représente moins de 1% de la population de renards en Arctique, et ce, malgré le fait que l’allèle bleu soit dominante. Cela s’explique par le fait qu’un renard polaire blanc est mieux camouflé dans la neige qu’un renard polaire bleu.
Il existe toutefois quelques exceptions, comme celle du renard polaire islandais, où l’allèle bleu représente 70% de la population totale. Cette particularité s’explique par la forte dominante de la couleur noire (basalt, plages de sable noir …) dans les paysages islandais et le faible enneigement sur l’île. Les renards bleus sont alors mieux camouflés et échappent plus facilement aux prédateurs.
Le morphe bleu est dominant sur d’autres îles comme l’île de Medny (Russie) et l’île Saint-Paul (Alaska) où il a atteint les 100%.
Par ailleurs, au sein d’un même morphe il existe des variations en fonction des régions. Il n’est pas rare d’observer un renard brun très sombre, un renard couleur caramel ou même un renard couleur sable.
Vision, odorat et ouïe du renard polaire
La vision du renard polaire
Les mammifères ne sont pas les animaux les mieux armés en matière de vision. Le renard polaire ne déroge pas à la règle.
La vision du renard polaire est similaire à celle du renard roux, avec quelques différences toutefois. Si le renard roux a une vue adaptée aux milieux forestiers et à l’obscurité, le renard polaire est mieux adapté aux milieux ouverts et aux niveaux de luminosité élevés de la toundra, notamment en présence de neige et de glace.
Le renard polaire a une vision dichromatique, c’est-à-dire bicolore. Dans sa vision, les tons orange/rouge sont perçus vert/jaune.
La densité maximale des cônes de l’aire centrale de sa rétine est de 44800/mm², soit deux fois plus que le renard roux. Ce qui signifie que dans des conditions de bonne luminosité, le renard polaire a une meilleure vision et une meilleure perception des couleurs et des détails que le renard roux.
Par contre, le renard polaire a moins de bâtonnets dans la rétine que le renard roux. Ces bâtonnets servent à mieux distinguer les nuances de gris et améliorent la perception du mouvement.
En conclusion, le renard polaire, bien que vivant dans des latitudes où il fait nuit la moitié de l’année, a une vue adaptée à la lumière et à la perception de détails (en comparaison aux autres renards bien entendu).
L’odorat du renard polaire
En ce qui concerne l’odorat, le renard arctique est bien loti ! En effet, il peut flairer une proie ou une carcasse à 40 km de distance. Cette capacité olfactive est indispensable à sa survie tant les espaces sont grands et la nourriture rare en Arctique.
L’odorat du renard polaire lui permet notamment de flairer les proies d’ours polaire et de se déplacer sur de longues distances pour s’alimenter.
Les scientifiques pensent également que les renards polaires utilisent leur odorat pour détecter la présence d’ours polaire. En effet, les renards peuvent suivre les ours sur de longue distance pour bénéficier des carcasses de phoques qu’ils laissent derrière eux.
Enfin, l’odorat du renard polaire est également très efficace pour détecter des proies sous terre. Il lui permet de sentir un lemming sous 77 cm de neige gelée.
L’ouïe du renard polaire
L’ouïe du renard polaire est moins sensible que celle d’autres canidés. Mais étant donné son environnement minimaliste et généralement loin des bruits parasites humains, cela lui suffit pour détecter ses proies sous terre, évaluer leur position avec une grande précision et effectuer un bond pour percer la neige et attraper sa proie.
L’ouïe du renard polaire, associée à sa vision, lui permettent d’obtenir les mêmes résultats que le renard roux en matière de localisation des proies. Mais l’ouïe du renard polaire est plus proche de son cousin le renard nain. Tous deux ont une gamme d’audition fonctionnelle comprise entre 125 Hz et 16 kHz avec une sensibilité moyenne de 24 dB à 4 kHz, soit probablement une gamme de fréquences plus basse que chez les autres canidés.
Résistance aux climats extrêmes
Le renard polaire doit résister à une différence de température interne et externe pouvant aller jusqu’à 100°C. Sa fourrure est la plus résistante parmi les mammifères. Elle lui permet de survivre à des températures de -70°C.
De plus, le renard polaire se constitue une couche de graisse durant la courte saison d’été. Cette couche apporte une protection supplémentaire contre le froid.
Le renard polaire présente un très faible rapport surface / volume, limitant les pertes de chaleur. Sa taille et sa forme compacte lui permettent également de se faufiler plus facilement dans des espaces restreints pour se protéger. De plus, l’une de ses caractéristiques physiologiques est de réduire le flux sanguin vers les extrémités pour limiter la déperdition.
En hiver, le renard polaire réduit la température centrale de son corps et son taux métabolique. Cette caractéristique lui permet de survivre plusieurs jours sans nourriture. C’est ainsi qu’il parvient à se déplacer sur de longues distances, parfois à travers des zones où aucune proie n’est disponible.
La fourrure du renard polaire change au fil des saisons. Ces changements lui permettent de maintenir son homéothermie sans avoir à augmenter son taux métabolique, mais aussi d’améliorer son camouflage (en changeant de couleur).
Enfin, en plus de ses caractéristiques morphologiques et physiologiques, le renard polaire fait tout ce qu’il peut pour se protéger des conditions lorsqu’elles sont extrêmes. Il n’hésite pas à chercher refuge lorsque les températures sont basses. Il utilise fréquemment la barrière naturelle pour se protéger du vent. Son épaisse queue lui permet de se protéger la tête en se roulant en boule. Il suffit d’observer le renard polaire dans la toundra pour se rendre compte de ce comportement de protection.
Comportement du renard polaire
Régime alimentaire
Parler du régime alimentaire du renard polaire serait comme parler de celui de l’humain, il dépend fortement des régions et des individus. Les renards en général sont des animaux opportunistes, ils s’adaptent à leur environnement et utilisent la moindre possibilité qui s’offre à eux. Ils n’hésitent pas à tirer profit des autres espèces comme l’ours polaire ou l’humain pour trouver de la nourriture.
Dans les régions intérieures (Arctique russe, Canada, Scandinavie …) le renard polaire se nourrit essentiellement de lemmings. Il complète son alimentation d’oiseaux (lagopèdes, tétras …) et de carcasses de renne. En effet, le renard polaire est à la fois un prédateur et un charognard.
Etant donné la fluctuation des populations de rongeurs, les renards s’adaptent en changeant leur régime alimentaire tous les 3 à 5 ans.
En été, les renards polaires profitent des oiseaux migrateurs comme les oies pour compléter leur régime alimentaire. Ils consomment aussi bien les œufs que les poussins.
Dans les régions côtières (Islande, Svalbard …), le renard polaire a plus de choix. Il consomme alors essentiellement les oiseaux marins et les carcasses rejetées par l’océan (phoques, cétacés …). Par exemple, nous avons eu l’opportunité d’observer des renards polaires consommer des carcasses de dauphins ou de phoques en Islande. Il est alors en concurrence avec d’autres charognards comme le grand corbeau.
Par ailleurs, les populations des régions côtières se nourrissent également d’invertébrés marins. Il est possible d’observer des renards polaires à marée basse de façon quasi systématique. Ils sillonnent alors le rivage et retournent les galets et les roches de petite taille pour trouver de quoi se nourrir.
Reproduction
En fonction des régions, l’accouplement des renards polaires a lieu entre fin février et mai. La gestation dure un peu plus de cinquante jours et les renardeaux naissent entre fin avril et début juillet.
Pour les renards polaires, la fenêtre saisonnière pour se reproduire est très courte. Mais ils se sont adaptés à cette contrainte en ayant une durée de croissance très rapide (soit un minimum de 30 grammes par jour).
Les renardeaux polaires sont sevrés au bout de 10 semaines et prennent leur indépendance à 3 mois (contre 5 à 6 mois pour le renard roux). En revanche, ils n’atteignent leur maturité sexuelle qu’à l’âge de 10 mois, comme pour le renard roux.
Par ailleurs, il y a une grande variabilité dans la taille des portées du renard polaire. Par exemple, les portées du renard polaire islandais varient de 3/4 à 11/12 renardeaux en fonction des années et de la zone de reproduction. Un record de 19 renardeaux a été observé sur l’île Wrangel en Russie.
Le renard polaire utilise des tanières (ou terriers) pour protéger ses petits des intempéries et des prédateurs. Ces terriers sont utilisés de génération en génération durant plusieurs siècles. Par exemple au Canada la durée de vie moyenne d’un terrier est de 330 ans.
Les zones de construction de terriers dépendent des régions. Les renards polaires privilégient globalement les zones surélevées et évitent les zones inondables. En agissant ainsi, ils évitent également les couches de permafrost.
Par contre, sur les îles comme le Svalbard ou l’Islande, les renards semblent privilégier les zones rocheuses. En Islande, les terriers sont quasi systématiquement situés sous des rochers et/ou en bord de falaise.
Comportements sociaux
La base sociale du renard polaire est le couple reproducteur. Il forme des couples qui défendent un territoire et élèvent conjointement leurs petits. La femelle s’occupe exclusivement de l’allaitement dans un premier temps, pendant que le mâle s’occupe de la chasse et de l’apport de proies au terrier. Dans un second temps, les deux parents participent à la chasse et au nourrissage.
Parfois, de jeunes renards polaires de portées précédentes peuvent rester dans le territoire et aider à élever les renardeaux, constituant ainsi de petits groupes familiaux.
Les couples de renards polaires peuvent rester ensemble, défendre un territoire et utiliser le même terrier sur une durée pouvant aller jusqu’à 5 ans.
Les renards polaires défendent des domaines vitaux allant de 5 km² à 125 km², en fonction des proies disponibles. S’ ils sont plutôt tolérants hors période de reproduction, ils deviennent très agressifs envers les intrus dès que le printemps arrive.
Il est probable que nous ne connaissions qu’une infime partie de la vie sociale du renard polaire. Nous avons par exemple observé en 2018 une famille de renards polaires dont les deux parents étaient de morphe blanc. Cette famille comptait 9 renardeaux : 8 renardeaux de morphe blanc et un renardeaux de morphe bleu. Or, cette configuration est génétiquement impossible, le morphe bleu représentant un allèle dominant, et le blanc un allèle récessif. Autrement dit, il ne peut y avoir de renards bruns et de blancs dans une même fratrie.
La seule explication que nous avons trouvé est que le renardeau brun provient d’une autre famille, et a été adopté par la famille de renards blancs. Et en effet, un terrier occupé par des renards bleus était distant de seulement 100m de cette famille de renards blancs.
Distribution et habitat du renard polaire
Aujourd’hui, l’aire de répartition du renard polaire comprend le Groenland, l’Islande, le Svalbard, la Russie, le Canada, l’Alaska et dans une moindre mesure la Norvège, la Suède et la Finlande.
Mais l’aire de répartition du renard polaire a évolué au fil des âges. Durant le dernier maximum glaciaire, il était présent aux frontières de la glace, aux Pays-bas, en Pologne et en Allemagne.
La population mondiale de renards polaires fluctue d’une année à l’autre, en fonction du climat et cycles de leurs proies. Mais nous pouvons affirmer que la population est de plusieurs centaines de milliers de renards. Le tableau suivant présente les populations de renards polaires par pays. Ces chiffres, que l’on peut considérer comme une moyenne, ont été présentés par Anders Angerbjörn de l’Université de Stockholm et Magnus Tannerfeldt du Conseil suédois de la recherche Formas.
Pays Population Tendance Finlande 20 En baisse Suède 50 En baisse Norvège (continentale) 50 En baisse Russie (Île Medny) 100 Inconnu Russie (Île Béring) < 1000 Stable Norvège (Svalbard) < 3000 Stable Islande > 7000 En hausse Etats-Unis (Alaska) 10 000 Stable Danemark (Groenland) 10 000 Stable Canada 100 000 Stable Russie (continentale) < 800 000 Stable / en hausse
Les récents chiffres font état de variation entre 630 000 et 900 000 renards polaires en arctique en fonction des années et des fluctuations des populations de lemmings. Un cycle qui dure quatre ans et qui se solde par l’effondrement des populations de rongeurs, et donc de renards.
Enfin, en termes de latitude, la distribution du renard polaire va de l’extrême sud de la baie d’Hudson, 53°N, jusqu’au nord du Groenland, à 88°N.
La toundra, l’habitat du renard polaire
La toundra est l’un des 14 biomes terrestres. Il représente 6% des terres, soit environ 8 millions de kilomètres carrés. L’essentiel de ces terres est concentré autour des pôles arctique et antarctique, mais la toundra est également présente en montagne, notamment dans les Alpes en Europe et dans la quasi intégralité de la Norvège.
Toutes les espèces végétales et animales présentes dans la toundra ont développé des stratégies pour survivre dans ce milieu.
Les plantes forment des tapis bas et denses, leur tiges sont souvent velues et leur graines protégées par diverses formes d’enveloppes.
Certaines espèces animales se sont spécialisées et ont développé des capacités uniques. Le renne par exemple (ou caribou au Canada), s’est spécialisé dans le lichen qu’il trouve sous la neige en hiver. L’absence de concurrence est une garantie de survie pour l’espèce. De plus, le lichen fermente dans son rumen, ce qui génère de la chaleur et lui permet de maintenir sa température sans activité physique (et donc sans dépense d’énergie).
La toundra est également caractérisée par une saison d’été très courte et une température moyenne inférieure à 10° de juin à août. Le maintien de ces températures est essentiel pour la survie du renard polaire. Malheureusement, des records de température sont régulièrement enregistrés en Arctique.
Le renard polaire occupe exclusivement le biome de la toundra, et en grande partie la toundra arctique. Mais historiquement, l’aire de répartition du renard polaire s’étendait également sur la toundra alpine. Aujourd’hui, seuls quelques individus subsistent dans les montagnes de Norvège et en Laponie suédoise et finlandaise, où les tentatives de réintroduction se succèdent, avec peu de réussite.
Le renard polaire est une espèce essentielle à la toundra, tant il joue un rôle de régulation des populations de rongeurs, de dissémination des graines et de fertilisation des sols.
L’impact du renard sur son environnement immédiat
Le renard polaire est considéré comme une espèce ingénieure dans son écosystème (la toundra).
En effet, les renards établissent leurs terriers essentiellement dans des zones de faible productivité végétale, autrement dit, des zones où les sols sont pauvres. Plusieurs études ont démontré l’impact positif de l’activité du renard polaire sur l’environnement immédiat des terriers.
Les chercheurs ont étudié à la fois la productivité végétale et le taux de verdissement dans les zones de terriers de renards polaires. Et dans les deux cas, il en ressort que l’activité des renards favorise la végétation. En été, la quantité d’azote présente dans le sol est supérieure de 70%, et celle de phosphore est supérieure de 1195%.
Ces effets se maintiennent même sur sur le long terme, dépassant la durée de vie des renards.
Il n’existe par contre pas d’étude à proprement parler sur les écosystèmes créés par l’activité des renards polaires. Les question qui restent en suspens sont notamment :
- Y’a t-il des espèces végétales qui se sont spécialisées dans les écosystèmes liés au renard polaire ?
- Y’a t-il des espèces animales qui bénéficient des écosystèmes liés au renard polaire ?
- La présence de ces oasis de verdure a-t-il un impact sur les écosystèmes à proximité immédiate de ces zones ?
En Islande, il n’est pas rare d’observer de telles oasis, avec une végétation plus haute et une densité élevée de plantes comme l’Angélique officinale. La réserve naturelle de Hornstrandir où les renards polaires bénéficient d’abondance de nourriture (les oiseaux de mer) en est un très bon exemple.
Les sous-espèces de renard polaire
Une sous-espèce est un groupe au sein d’une même espèce qui a acquis des caractéristiques génétiques propres. Cette classification se situe entre l’espèce et la variété. Les individus d’une sous espèces peuvent se reproduire avec des individus de l’espèce dont ils dépendent, ou les individus d’une autre sous espèce.
En ce qui concerne le renard polaire, nous ne connaissons probablement pas toutes les sous-espèces qui existent, mais quatre ont déjà été décrites :
- Renard arctique d’Islande, Vulpes lagopus fuliginosus
- Renard arctique des îles Béring , Vulpes lagopus beringensis
- Renard arctique du Groenland, Vulpes lagopus foragoapusis
- Renard arctique des îles Pribilof , Vulpes lagopus pribilofensis
Ces quatre sous-espèces vivent sur des îles plus ou moins grandes. Elles sont donc isolées des autres populations de renards polaires. Par exemple, hors période glaciaire, le renard polaire du Groenland ne peut pas rencontrer le renard polaire d’Islande.
Les renards polaires nomades
Nous n’avions aucune idée des territoires parcourus par les renards polaires, et nous étions loin d’imaginer les résultats qui ont été publiés en 2019 par l’institut polaire norvégien (Norwegian Polar Institute). Les chercheurs Eva Fuglei et Arnaud Tarroux ont équipé une renarde polaire du Spitzberg (Svalbard) d’une balise GPS avant la période de dispersion (lorsque les jeunes renards se mettent en quête d’un territoire).
Les chercheurs ont pu suivre cette renarde polaire qui a quitté le Spitzberg le 26 mars 2018 et atteint l’île d’Ellesmere au Canada 76 jours plus tard. La renarde a alors parcouru 3506 km. C’est la plus grande traversée jamais enregistrée pour un renard polaire.
Cette renarde polaire s’est déplacée à un rythme moyen d’environ 46 km par jour à travers la banquise et des glaciers.
En passant par le nord du Groenland, à une latitude de 84,7°N, elle a réduit la distance à parcourir.
La renarde polaire qui a été étudié par l’institut polaire Norvégien était de couleur bleue, soit plus adaptée aux régions cotières du sud de l’Arctique et aux ressources marines. En s’installant sur l’île d’Ellesmere, elle a changé d’écosystème pour un réseau alimentaire incluant les lemmings.
Cette étude est une excellente base de travail dans le cadre de la réintroduction des renards polaires en Europe continentale. Pour le moment, cette réintroduction est un échec car les renards ne sont pas assez résistants génétiquement. Il faut dire qu’ils dépendent toujours de l’humain pour trouver de la nourriture.
Avec une diversité génétique plus importante, les renards polaires norvégiens seraient en meilleure santé et mieux armés pour faire face aux périodes de pénurie de rongeurs.
La compétition entre le renard roux et le renard arctique
Cette question est encore sujet à débat : le réchauffement climatique favorise t-il le renard roux au détriment du renard polaire ?
En effet, le renard roux est observé de plus en plus au nord, dans des zones habituellement occupées exclusivement par le renard polaire. Mais la réponse n’est pas si évidente. Si de nombreux photographes animaliers et naturalistes ont mis en évidence la prédation du renard polaire par le renard roux, certaines études tendent à démontrer le contraire. Les chercheurs canadiens et québécois Daniel Gallant, Brian G. Slough, Donald G. Reid et Dominique Berteaux, ont étudié l’occupation des terriers de renards roux et polaires au nord du Yukon durant 4 décennies. Malgré le fait que la zone d’étude connaît le plus important réchauffement climatique d’Amérique du Nord, l’occupation des terriers semble inchangée.
Leur conclusion remet en question l’hypothèse liant le réchauffement climatique à l’expansion du renard roux.
D’autres études sur ces deux espèces sont en cours. La question reste importante car si les chercheurs démontrent une corrélation entre le réchauffement climatique et l’expansion des territoires du renard roux, la surveillance de ces deux espèces que sont le renard roux et le renard polaire deviendrait un bon indicateur du réchauffement climatique.
Par contre, la question ne se pose pas dans les îles de l’Atlantique nord comme le Svalbard ou l’Islande où le renard roux est absent. Le renard polaire islandais ne connaît aucune compétition, ni aucune prédation, à part celle de l’humain.
L’impact du bouleversement climatique sur les renards polaires
Nous savons d’abord que le réchauffement climatique va avoir un effet important sur la distribution et l’abondance d’espèces animales et végétales. Nous savons ensuite que l’Arctique est l’une des régions où le réchauffement climatique est le plus marquant. Enfin, le renard polaire étant un mammifère qui dépend exclusivement de la toundra, le recul de ce biome au détriment de forêts boréales (la taïga) provoquerait également la disparition de l’habitat unique du renard polaire.
Toutefois, nous avons très peu d’informations sur l’impact du réchauffement climatique sur le renard polaire à court et moyen terme. Il est donc trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur le sujet. Néanmoins, nous enrichirons cette section avec la publication de nouvelles études sur le sujet.
Les maladies du renard polaire
Les renards polaires sont sujets à de nombreuses maladies et parasites. Certaines de ces maladies sont présentes dans leur milieu naturel, d’autres sont importées par l’humain via le chien domestique. A titre d’exemple, la population de renards polaires de l’île Medny a chuté d’environ 90% suite à l’introduction de la gale des oreilles (Otodectes cynotis) via les chiens domestiques.
Les pathogènes et parasites les plus communs sont :
- La rage arctique : Cette forme de rage existe uniquement au-delà de 55°N. Elle est aussi bien transmise par le renard arctique que par le renard roux. Elle est considérée comme une question de santé publique au Canada.
- La gale des oreilles (Otodectes cynotis) : Cette maladie de la peau causée par un acarien concerne surtout les chiens et les chats. Mais des populations de renards polaires ont été contaminées par l’intermédiaire des animaux domestiques.
- L’encéphalitozoonose (Encephalitozoon cuniculi) : Cette infection parasitaire connue pour toucher les lapins touche également les renards polaires. En Islande, les chercheurs soupçonnent cette maladie de jouer un rôle important dans la dynamique des populations.
- Infestation de Trichinella : responsable de la trichinose, ces vers parasites semblent toucher uniquement les renards polaires qui se nourrissent de carcasses d’ours polaires. La Trichinella n’est donc pas présente en Islande et en Scandinavie.
- L’encéphalite : Cette maladie du cerveau a fortement touchée les populations de renards polaires de Scandinavie.
Connaître les maladies des renards polaires est primordial pour les régions comme l’Europe continentale où des tentatives de réintroduction sont en cours. En effet, la faible diversité génétique de ces populations les rend particulièrement vulnérables à ces maladies.
Statut de conservation du renard polaire
L’Union internationale pour la conservation de la nature a accordé au renard polaire le statut de préoccupation mineure. Autrement dit, le renard polaire n’est pas une espèce menacée. Toutefois, ce statut est global et ne prend pas en compte les particularités régionales. En Europe par exemple, le renard polaire est en danger (environ 200 individus répartis sur la Norvège, la Suède et la Finlande). La Finlande l’a même classé en danger critique d’extinction.
La population de renards polaires des îles Medny est également en grand danger suite à l’épidémie de la gale des oreilles. Aujourd’hui seulement une centaine d’individus vivent sur l’île.
Durant le 20e siècle, le marché du commerce de la fourrure a menacé les populations de renard polaire dans tout l’Arctique. Dans les années 60 et 70, lorsque l’activité a atteint son niveau le plus élevé, la Russie a abattu plus de 100 000 renards polaires certaines années, le Canada plus de 68 000 et les Etats-Unis plus de 17 000. Ce commerce a été la principale source de revenus de beaucoup de famille Inuits. L’effondrement du marché de la fourrure a conduit petit à petit à la diminution de la chasse au renard polaire pour sa fourrure.
Taxonomie
Le renard polaire est un mammifère du genre Vulpes, qui englobe les 12 renards actuellement existants. 4 autres espèces faisant partie du genre ont aujourd’hui disparu.
Le genre Vulpes fait partie de la famille des canidés qui compte, entre autres, les différentes espèces de loups et de chacals.
Carl Linnaeus, biologiste et père de la taxonomie moderne, a été le premier à décrire le renard polaire et à lui attribuer le nom de Canis lagopus. Le renard polaire a ensuite été classé dans son propre genre, Alopex lagopus, avant que des études génétiques ne viennent prouver définitivement son appartenance au genre Vulpes.
Le plus proche cousin du renard polaire est le renard nain, dont l’aire de répartition est aujourd’hui limitée au sud-ouest des Etats-Unis et au Mexique. Ces deux espèces ont divergé il y a un peu moins d’un million d’années, alors que le renard polaire et le renard roux ont divergé il y a environ 3,7 millions d’années.
Les renards sont un formidable sujet d’études pour comprendre l’évolution des espèces et les adaptations aux différents biomes. Ces 12 espèces sont présentes partout dans le monde et présentent chacune des caractéristiques physiologiques et morphologiques propres aux biomes où elles évoluent.
Origines du renard polaire
En 2010, une mâchoire de Vulpes qiuzhudingi a été découverte sur le plateau du tibet par le paléontologiste Zhijie Jack Tseng. Vulpes qiuzhudingi est un ancien hypercarnivore aujourd’hui disparu et il possède de nombreuses similarités avec le renard polaire. Une théorie est alors née : Et si Vulpes qiuzhudingi était l’ancêtre du renard polaire ?
Cette théorie étudie notamment la possibilité que le plateau du tibet, également appelé “le troisième pôle”, ait été une sorte de terrain d’entraînement pour de nombreuses espèces qui ont ensuite rejoint l’arctique durant les périodes glaciaires. Cette théorie porte le nom de « out of Tibet« .
Cette théorie est à contrebalancer avec d’autres travaux. Par exemple, une étude Russe s’est intéressée à l’ADN de renards polaires fossilisés découverts dans des grottes de l’Oural. Les scientifiques ont comparé ces ADN avec ceux de renards modernes. Les résultats nous montrent qu’il n’y a aucune connectivité entre ces deux ADN. Autrement dit, les ancêtres des renards polaires qui vivaient dans des régions de basses latitudes durant l’ère glaciaire ont tout simplement disparu lors du réchauffement, il y a environ 11 700 ans. Ce ne sont pas les ancêtres des renards polaires qui vivent en Arctique aujourd’hui.
Le renard polaire est l’un des survivants du Pléistocène (l’ère glaciaire). Comme d’autres petits mammifères et oiseaux (lemmings, lagopèdes alpins …), cette espèce a su trouver refuge en Arctique alors que de plus grandes espèces comme le Mammouth laineux ou le rhinocéros laineux ont disparu. En d’autres termes, le renard polaire est un survivant d’une époque où une grande partie de l’hémisphère nord était recouverte de glace, et où la France et l’Espagne étaient de vastes toundra.
Le renard polaire et l’humain
On ne peut pas dire que l’humain a rendu la vie facile au renard polaire, ni aux autres prédateurs terrestres d’ailleurs. La relation entre l’humain et le renard a toujours été une relation conflictuelle, de concurrence, souvent à tort.
Le renard polaire étant un animal essentiel à son biome, l’humain bénéficie directement ou indirectement des avantages de sa présence. Mais partout dans le monde, la folie dominatrice et meurtrière de l’homme semble prendre le dessus, faisant du renard polaire (et des autres espèces de renards) une cible privilégiée.
Les renards polaires, comme les renards roux, ont de tout temps fait partie de la culture des humains. A travers la mythologie, les contes, les croyances, mais aussi dans la vie quotidienne des agriculteurs aux frontières de l’arctique ou des chasseurs Inuits.
Les renards ont toujours eu une place parmi nous. Si on observe les renards et les humains, on se rend vite compte que les deux espèces se ressemblent : opportunisme, résilience et exploration ont amené l’humain, comme le renard, à coloniser la planète entière, ou presque.
Sur la vidéo ci-dessous, nous avons observé un renard polaire islandais blanc utilisant régulièrement un vieux bateau comme abri contre le vent et les intempéries.
Mythes et légendes sur le renard polaire
Les renards polaires sont les personnages principaux de nombreux contes populaires, mythes et légendes à travers l’Arctique. Ce petit animal a de tout temps fasciné les humains par sa capacité à survivre là où l’humain ne le pouvait plus. Par son opportunisme, le renard arctique nous rappelle également notre propre comportement.
Le mythe du renard polaire en Finlande
En Finlande, le renard polaire est associé aux aurores boréales. La légende raconte que durant la nuit polaire, les renards courent dans le ciel à très grande vitesse et balaient la neige avec leur queue. Dans leur course folle, ils soulèvent les cristaux qui, reflétant la lumière de la lune, créent les aurores boréales.
Aujourd’hui encore, le mot utilisé en Finlande pour les aurores boréales est “revontulet”, qui signifie renard de feu.
Le renard polaire a sauvé les Dénés de la famine
Chez les Dénés, une ethnie faisant partie des Premières Nations au nord-ouest du Canada, le renard polaire est le sauveur de l’humanité. La légende veut que durant une période de grande famine, les humains, qui n’avaient plus rien à manger, remarquèrent que le grand corbeau qui leur rendait visite chaque jour semblait toujours bien nourri.
Un jour, le renard polaire décida de suivre le corbeau et découvrit l’endroit où il avait caché le caribou. Il revint alors au village avec sa proie et l’offrit aux Dénés, les sauvant d’une mort certaine.
Une grande fête a eu lieu et les Dénés ont partagé le caribou avec le renard.
Kitsune, le renard blanc japonais
Au Japon, la religion shintoïste parle de renards blancs, les “Kitsune”, dotés de pouvoirs magiques. Ils sont les messagers de la divinité Inari auprès des humains.
On trouve dans les temples dédiés à la divinité Inari au Japon des statues et représentations des Kitsune. Ces statues portent souvent dans leur gueule un objet précieux comme un bijou ou même un renardeau. Les fidèles déposent des offrandes au pied des représentations de Kitsune.
Les Kitsune ont plusieurs queues, qu’ils acquièrent avec l’âge, jusqu’à atteindre 9 queues. En vieillissant, ils acquièrent également de nouveaux pouvoirs magiques.
L’origine du jour et de la nuit d’après les inuit
La nature et les animaux sont une part très importante de la mythologie Inuit. Les ours polaires, les baleines, les renards polaires ou les morses sont les personnages principaux de ces histoires ancestrales.
Dans les temps anciens, la terre était sombre, aucune lumière ne venait éclairer les humains et les animaux. A cette époque, les humains pouvaient se transformer en animaux et les animaux en humains. Mais bizarrement, tous les ours, les renards, les lièvres et les autres animaux qui se transformaient en humain parlaient la même langue, avaient la même culture et construisaient les mêmes maisons.
A cette époque, les mots étaient magiques. Un mot prononcé pouvait prendre forme, ou devenir une réalité.
Un jour, un renard polaire et un lièvre arctique discutaient dans l’obscurité. Le lièvre prononçait sans cesse le mot “jour”, car il lui permettait de trouver de la nourriture plus facilement. Le renard polaire lui, prononçait le mot “nuit” car il pouvait voler la nourriture des humains dans l’obscurité. Soudain, le soleil se leva et la lumière fut, exauçant le rêve du lièvre.
Depuis cette époque et cette conversation entre le renard et le lièvre, l’alternance du jour et de la nuit permet à tous les animaux de trouver de la nourriture.
Histoire du renard polaire en Islande
Le renard polaire a colonisé l’Islande durant la dernière ère glaciaire, qui a commencé il y a 115 000 ans et s’est terminée il y a 11 700 ans. Il a alors utilisé la banquise pour se déplacer jusqu’en Islande, qui était elle-même sous la glace.
A la fin de l’ère glaciaire, la fonte des glaces l’a isolé des autres populations de renards polaires. C’est la principale raison pour laquelle le renard polaire d’Islande est une sous-espèce, ayant évolué indépendamment des autres sous-espèces.
Le renard polaire islandais s’est alors retrouvé dans une situation inédite, sur une terre où les lemmings sont totalement absents. Dès lors, il a dû adapter son régime alimentaire et s’orienter vers d’autres proies comme les oiseaux marins et les lagopèdes alpins.
Les populations d’oiseaux marins sont stables en Islande. En effet, elles ne connaissent pas de fluctuations comme le lemming en Arctique. De ce fait, la population de renards polaires d’Islande est plus stable.
En revanche, le lagopède alpin connaît des fluctuations cycliques. Les renards de l’intérieur des terres, qui dépendent en partie de cette espèce, peuvent donc subir ces fluctuations. Même si, avec la hausse des populations d’oiseaux migrateurs, ces renards dépendent de moins en moins des lagopèdes.
Enfin, même si des rongeurs ont été introduits par l’humain il y a 1100 ans, ils ne sont qu’une infime partie du régime alimentaire du renard polaire islandais.
Aujourd’hui, plus de 7000 renards polaires vivent en Islande. La population est en hausse, mais reste concentrée dans les parcs nationaux et les régions isolées. La chasse est encore autorisée dans le pays et 56 000 renards polaires ont été tués entre 2010 et 2020. L’Etat islandais subventionne cette chasse qui est devenu un loisir rentable, mais de nombreuses voix dans le pays s’élèvent pour dénoncer ces massacres et leur coût.
Photographier le renard polaire
L’équipement pour photographier le renard polaire dépend clairement des régions. Si la chasse est pratiquée dans la zone où vous vous rendez, alors il faut prévoir un équipement d’affût et un téléobjectif de 400mm minimum.
En revanche, dans les réserves naturelles et autres zones protégées où la chasse est interdite, les renards polaires sont peu craintifs. Cela ne signifie pas qu’il est permis d’interagir avec eux. En effet, ils restent des animaux sauvages et il faut garder une bonne distance et un comportement responsable pour les protéger. Néanmoins, il n’est pas nécessaire de se camoufler dans ces régions, au contraire. Permettre aux renards de vous identifier et de connaître votre position est plus sécurisant pour eux.
Dans les deux cas, nous vous conseillons de privilégier de longues focales (600 mm est l’idéal) pour photographier les renards polaires sans les déranger. C’est ce que nous conseillons aux participants de notre stage photo renard polaire en Islande.
Si vous projetez de vous rendre dans des zones de terriers pour photographier des renardeaux polaires, alors vous devez être encore plus prudents. Les règles de base sont de conserver une certaine distance avec les terriers et de laisser plutôt les renardeaux s’approcher de vous. Par ailleurs, il ne faut jamais détourner les parents de leur objectif qui est de nourrir les petits. Pour cela, évitez de vous positionner sur les chemins que les adultes empruntent.
Enfin, si vous cherchez une agence pour vous accompagner dans un voyage photo à la rencontre du renard polaire, n’hésitez pas à nous contacter pour en discuter.
Contents
- 1 Description du renard polaire
- 2 Comportement du renard polaire
- 3 Distribution et habitat du renard polaire
- 4 Statut de conservation du renard polaire
- 5 Taxonomie
- 6 Le renard polaire et l’humain
- 7 Histoire du renard polaire en Islande
- 8 Photographier le renard polaire
Le renard polaire (Vulpes lagopus) ou renard arctique est un petit canidé des régions arctiques. Il est commun dans le biome de la toundra. Sa fourrure épaisse et sa morphologie lui permettent de vivre dans des conditions de froid extrême. Comme tous les renards, il est opportuniste et s’adapte assez rapidement à son environnement. À titre d’exemple, le renard polaire d’Islande s’est acclimaté à l’absence de lemmings sur l’île, en adoptant un régime essentiellement constitué d’oiseaux et d’animaux marins.
Par ailleurs, le renard polaire a toujours fasciné l’humain, certainement pour sa capacité à vivre en arctique. En effet, aujourd’hui, il attire des touristes et des naturalistes du monde entier qui vont observer et photographier le renard polaire en Islande, au Svalbard ou au Canada.
Nous avons la chance de travailler sur l’espèce et d’organiser un stage d’observation de renard polaire en Islande. Chaque année, nous emmenons en été et en hiver un groupe de photographes ou de naturalistes passionnés à la rencontre de cette espèce emblématique de l’Arctique.
Description du renard polaire
La morphologie et la physiologie du renard polaire ont très clairement été influencées par deux facteurs : d’une part le froid extrême et d’autre part la raréfaction de la nourriture.
Ainsi, le renard polaire est plus petit que son cousin le renard roux. Il mesure entre 45 cm et 70 cm pour une moyenne de 5 kg avec un dimorphisme sexuel. Toutefois, ce dimorphisme semble affecter le poids plus que la taille. Il est aussi le seul canidé à avoir un dimorphisme saisonnier, changeant de couleur de fourrure entre l’été et l’hiver.
Le renard polaire est court sur pattes. Son museau est moins long que celui du renard roux, et ses oreilles sont petites et arrondies. Le corps du renard polaire est donc petit et compact, c’est la raison pour laquelle les échanges thermiques avec l’extérieur sont limités.
De plus, le renard polaire est l’unique canidé à avoir des poils sous les coussinets. Cette caractéristique isole ses pattes et le protège de la neige et de la glace.
D’ailleurs, son nom scientifique (lagopus) vient de cette caractéristique. Ce mot signifie littéralement « patte de lièvre ». Lagopus est également le nom scientifique du lagopède (alpin ou des saules), qui lui-même a des plumes sous les pattes.
Par ailleurs, le corps du renard polaire est protégé par une épaisse fourrure, en deux couches en hiver. Les poils intérieurs sont courts et très denses, tandis que les poils externes sont plus longs et protègent de l’humidité. Il est à noter qu’en hiver, sa fourrure s’épaissit de 140% !
Le renard polaire a des prédateurs variables en fonction des régions. A l’extrême nord de son aire de répartition, son seul prédateur est l’ours polaire. Dans les latitudes plus basses, les prédateurs sont plus nombreux avec le grizzly, l’aigle royal et le renard roux. Enfin, son premier prédateur reste l’humain. La chasse au renard polaire est autorisée partout, sauf dans les réserves naturelles protégées.
La durée de vie du renard polaire
Dans la nature, les conditions extrêmes font de la vie du renard polaire un parcours du combattant. Si certains individus dépassent régulièrement les 10 ans, la plupart des renards polaires meurent avant d’atteindre leur première année.
En effet, les renardeaux polaires doivent accumuler des couches de graisse entre le printemps et l’automne, c’est-à-dire dans un laps de temps de trois mois, pour faire face à leur premier hiver. Ils doivent ensuite prendre leur autonomie et trouver un territoire. Dans ces conditions, la majorité des renardeaux polaires meurent durant l’été ou le premier hiver. Ceux qui survivent ont alors plus de chance de vivre plusieurs années.
Nous avons constaté en Islande que les renards polaires qui sont nés à proximité des falaises ont plus de chance de survie que ceux qui sont nés en plaine ou à proximité d’une plage. Les falaises, avec leur centaines de milliers d’oiseaux marins, offrent un meilleur départ pour les renardeaux polaires que les plages où ils se contentent de ce que rejette l’océan et de petits crustacés.
Les différents morphes du renard polaire
Le renard polaire présente deux morphes : le renard polaire blanc et le renard polaire brun ou bleu.
Globalement, le morphe bleu représente moins de 1% de la population de renards en Arctique, et ce, malgré le fait que l’allèle bleu soit dominante. Cela s’explique par le fait qu’un renard polaire blanc est mieux camouflé dans la neige qu’un renard polaire bleu.
Il existe toutefois quelques exceptions, comme celle du renard polaire islandais, où l’allèle bleu représente 70% de la population totale. Cette particularité s’explique par la forte dominante de la couleur noire (basalt, plages de sable noir …) dans les paysages islandais et le faible enneigement sur l’île. Les renards bleus sont alors mieux camouflés et échappent plus facilement aux prédateurs.
Le morphe bleu est dominant sur d’autres îles comme l’île de Medny (Russie) et l’île Saint-Paul (Alaska) où il a atteint les 100%.
Par ailleurs, au sein d’un même morphe il existe des variations en fonction des régions. Il n’est pas rare d’observer un renard brun très sombre, un renard couleur caramel ou même un renard couleur sable.
Vision, odorat et ouïe du renard polaire
La vision du renard polaire
Les mammifères ne sont pas les animaux les mieux armés en matière de vision. Le renard polaire ne déroge pas à la règle.
La vision du renard polaire est similaire à celle du renard roux, avec quelques différences toutefois. Si le renard roux a une vue adaptée aux milieux forestiers et à l’obscurité, le renard polaire est mieux adapté aux milieux ouverts et aux niveaux de luminosité élevés de la toundra, notamment en présence de neige et de glace.
Le renard polaire a une vision dichromatique, c’est-à-dire bicolore. Dans sa vision, les tons orange/rouge sont perçus vert/jaune.
La densité maximale des cônes de l’aire centrale de sa rétine est de 44800/mm², soit deux fois plus que le renard roux. Ce qui signifie que dans des conditions de bonne luminosité, le renard polaire a une meilleure vision et une meilleure perception des couleurs et des détails que le renard roux.
Par contre, le renard polaire a moins de bâtonnets dans la rétine que le renard roux. Ces bâtonnets servent à mieux distinguer les nuances de gris et améliorent la perception du mouvement.
En conclusion, le renard polaire, bien que vivant dans des latitudes où il fait nuit la moitié de l’année, a une vue adaptée à la lumière et à la perception de détails (en comparaison aux autres renards bien entendu).
L’odorat du renard polaire
En ce qui concerne l’odorat, le renard arctique est bien loti ! En effet, il peut flairer une proie ou une carcasse à 40 km de distance. Cette capacité olfactive est indispensable à sa survie tant les espaces sont grands et la nourriture rare en Arctique.
L’odorat du renard polaire lui permet notamment de flairer les proies d’ours polaire et de se déplacer sur de longues distances pour s’alimenter.
Les scientifiques pensent également que les renards polaires utilisent leur odorat pour détecter la présence d’ours polaire. En effet, les renards peuvent suivre les ours sur de longue distance pour bénéficier des carcasses de phoques qu’ils laissent derrière eux.
Enfin, l’odorat du renard polaire est également très efficace pour détecter des proies sous terre. Il lui permet de sentir un lemming sous 77 cm de neige gelée.
L’ouïe du renard polaire
L’ouïe du renard polaire est moins sensible que celle d’autres canidés. Mais étant donné son environnement minimaliste et généralement loin des bruits parasites humains, cela lui suffit pour détecter ses proies sous terre, évaluer leur position avec une grande précision et effectuer un bond pour percer la neige et attraper sa proie.
L’ouïe du renard polaire, associée à sa vision, lui permettent d’obtenir les mêmes résultats que le renard roux en matière de localisation des proies. Mais l’ouïe du renard polaire est plus proche de son cousin le renard nain. Tous deux ont une gamme d’audition fonctionnelle comprise entre 125 Hz et 16 kHz avec une sensibilité moyenne de 24 dB à 4 kHz, soit probablement une gamme de fréquences plus basse que chez les autres canidés.
Résistance aux climats extrêmes
Le renard polaire doit résister à une différence de température interne et externe pouvant aller jusqu’à 100°C. Sa fourrure est la plus résistante parmi les mammifères. Elle lui permet de survivre à des températures de -70°C.
De plus, le renard polaire se constitue une couche de graisse durant la courte saison d’été. Cette couche apporte une protection supplémentaire contre le froid.
Le renard polaire présente un très faible rapport surface / volume, limitant les pertes de chaleur. Sa taille et sa forme compacte lui permettent également de se faufiler plus facilement dans des espaces restreints pour se protéger. De plus, l’une de ses caractéristiques physiologiques est de réduire le flux sanguin vers les extrémités pour limiter la déperdition.
En hiver, le renard polaire réduit la température centrale de son corps et son taux métabolique. Cette caractéristique lui permet de survivre plusieurs jours sans nourriture. C’est ainsi qu’il parvient à se déplacer sur de longues distances, parfois à travers des zones où aucune proie n’est disponible.
La fourrure du renard polaire change au fil des saisons. Ces changements lui permettent de maintenir son homéothermie sans avoir à augmenter son taux métabolique, mais aussi d’améliorer son camouflage (en changeant de couleur).
Enfin, en plus de ses caractéristiques morphologiques et physiologiques, le renard polaire fait tout ce qu’il peut pour se protéger des conditions lorsqu’elles sont extrêmes. Il n’hésite pas à chercher refuge lorsque les températures sont basses. Il utilise fréquemment la barrière naturelle pour se protéger du vent. Son épaisse queue lui permet de se protéger la tête en se roulant en boule. Il suffit d’observer le renard polaire dans la toundra pour se rendre compte de ce comportement de protection.
Comportement du renard polaire
Régime alimentaire
Parler du régime alimentaire du renard polaire serait comme parler de celui de l’humain, il dépend fortement des régions et des individus. Les renards en général sont des animaux opportunistes, ils s’adaptent à leur environnement et utilisent la moindre possibilité qui s’offre à eux. Ils n’hésitent pas à tirer profit des autres espèces comme l’ours polaire ou l’humain pour trouver de la nourriture.
Dans les régions intérieures (Arctique russe, Canada, Scandinavie …) le renard polaire se nourrit essentiellement de lemmings. Il complète son alimentation d’oiseaux (lagopèdes, tétras …) et de carcasses de renne. En effet, le renard polaire est à la fois un prédateur et un charognard.
Etant donné la fluctuation des populations de rongeurs, les renards s’adaptent en changeant leur régime alimentaire tous les 3 à 5 ans.
En été, les renards polaires profitent des oiseaux migrateurs comme les oies pour compléter leur régime alimentaire. Ils consomment aussi bien les œufs que les poussins.
Dans les régions côtières (Islande, Svalbard …), le renard polaire a plus de choix. Il consomme alors essentiellement les oiseaux marins et les carcasses rejetées par l’océan (phoques, cétacés …). Par exemple, nous avons eu l’opportunité d’observer des renards polaires consommer des carcasses de dauphins ou de phoques en Islande. Il est alors en concurrence avec d’autres charognards comme le grand corbeau.
Par ailleurs, les populations des régions côtières se nourrissent également d’invertébrés marins. Il est possible d’observer des renards polaires à marée basse de façon quasi systématique. Ils sillonnent alors le rivage et retournent les galets et les roches de petite taille pour trouver de quoi se nourrir.
Reproduction
En fonction des régions, l’accouplement des renards polaires a lieu entre fin février et mai. La gestation dure un peu plus de cinquante jours et les renardeaux naissent entre fin avril et début juillet.
Pour les renards polaires, la fenêtre saisonnière pour se reproduire est très courte. Mais ils se sont adaptés à cette contrainte en ayant une durée de croissance très rapide (soit un minimum de 30 grammes par jour).
Les renardeaux polaires sont sevrés au bout de 10 semaines et prennent leur indépendance à 3 mois (contre 5 à 6 mois pour le renard roux). En revanche, ils n’atteignent leur maturité sexuelle qu’à l’âge de 10 mois, comme pour le renard roux.
Par ailleurs, il y a une grande variabilité dans la taille des portées du renard polaire. Par exemple, les portées du renard polaire islandais varient de 3/4 à 11/12 renardeaux en fonction des années et de la zone de reproduction. Un record de 19 renardeaux a été observé sur l’île Wrangel en Russie.
Le renard polaire utilise des tanières (ou terriers) pour protéger ses petits des intempéries et des prédateurs. Ces terriers sont utilisés de génération en génération durant plusieurs siècles. Par exemple au Canada la durée de vie moyenne d’un terrier est de 330 ans.
Les zones de construction de terriers dépendent des régions. Les renards polaires privilégient globalement les zones surélevées et évitent les zones inondables. En agissant ainsi, ils évitent également les couches de permafrost.
Par contre, sur les îles comme le Svalbard ou l’Islande, les renards semblent privilégier les zones rocheuses. En Islande, les terriers sont quasi systématiquement situés sous des rochers et/ou en bord de falaise.
Comportements sociaux
La base sociale du renard polaire est le couple reproducteur. Il forme des couples qui défendent un territoire et élèvent conjointement leurs petits. La femelle s’occupe exclusivement de l’allaitement dans un premier temps, pendant que le mâle s’occupe de la chasse et de l’apport de proies au terrier. Dans un second temps, les deux parents participent à la chasse et au nourrissage.
Parfois, de jeunes renards polaires de portées précédentes peuvent rester dans le territoire et aider à élever les renardeaux, constituant ainsi de petits groupes familiaux.
Les couples de renards polaires peuvent rester ensemble, défendre un territoire et utiliser le même terrier sur une durée pouvant aller jusqu’à 5 ans.
Les renards polaires défendent des domaines vitaux allant de 5 km² à 125 km², en fonction des proies disponibles. S’ ils sont plutôt tolérants hors période de reproduction, ils deviennent très agressifs envers les intrus dès que le printemps arrive.
Il est probable que nous ne connaissions qu’une infime partie de la vie sociale du renard polaire. Nous avons par exemple observé en 2018 une famille de renards polaires dont les deux parents étaient de morphe blanc. Cette famille comptait 9 renardeaux : 8 renardeaux de morphe blanc et un renardeaux de morphe bleu. Or, cette configuration est génétiquement impossible, le morphe bleu représentant un allèle dominant, et le blanc un allèle récessif. Autrement dit, il ne peut y avoir de renards bruns et de blancs dans une même fratrie.
La seule explication que nous avons trouvé est que le renardeau brun provient d’une autre famille, et a été adopté par la famille de renards blancs. Et en effet, un terrier occupé par des renards bleus était distant de seulement 100m de cette famille de renards blancs.
Distribution et habitat du renard polaire
Aujourd’hui, l’aire de répartition du renard polaire comprend le Groenland, l’Islande, le Svalbard, la Russie, le Canada, l’Alaska et dans une moindre mesure la Norvège, la Suède et la Finlande.
Mais l’aire de répartition du renard polaire a évolué au fil des âges. Durant le dernier maximum glaciaire, il était présent aux frontières de la glace, aux Pays-bas, en Pologne et en Allemagne.
La population mondiale de renards polaires fluctue d’une année à l’autre, en fonction du climat et cycles de leurs proies. Mais nous pouvons affirmer que la population est de plusieurs centaines de milliers de renards. Le tableau suivant présente les populations de renards polaires par pays. Ces chiffres, que l’on peut considérer comme une moyenne, ont été présentés par Anders Angerbjörn de l’Université de Stockholm et Magnus Tannerfeldt du Conseil suédois de la recherche Formas.
Pays | Population | Tendance |
---|---|---|
Finlande | 20 | En baisse |
Suède | 50 | En baisse |
Norvège (continentale) | 50 | En baisse |
Russie (Île Medny) | 100 | Inconnu |
Russie (Île Béring) | < 1000 | Stable |
Norvège (Svalbard) | < 3000 | Stable |
Islande | > 7000 | En hausse |
Etats-Unis (Alaska) | 10 000 | Stable |
Danemark (Groenland) | 10 000 | Stable |
Canada | 100 000 | Stable |
Russie (continentale) | < 800 000 | Stable / en hausse |
Les récents chiffres font état de variation entre 630 000 et 900 000 renards polaires en arctique en fonction des années et des fluctuations des populations de lemmings. Un cycle qui dure quatre ans et qui se solde par l’effondrement des populations de rongeurs, et donc de renards.
Enfin, en termes de latitude, la distribution du renard polaire va de l’extrême sud de la baie d’Hudson, 53°N, jusqu’au nord du Groenland, à 88°N.
La toundra, l’habitat du renard polaire
La toundra est l’un des 14 biomes terrestres. Il représente 6% des terres, soit environ 8 millions de kilomètres carrés. L’essentiel de ces terres est concentré autour des pôles arctique et antarctique, mais la toundra est également présente en montagne, notamment dans les Alpes en Europe et dans la quasi intégralité de la Norvège.
Toutes les espèces végétales et animales présentes dans la toundra ont développé des stratégies pour survivre dans ce milieu.
Les plantes forment des tapis bas et denses, leur tiges sont souvent velues et leur graines protégées par diverses formes d’enveloppes.
Certaines espèces animales se sont spécialisées et ont développé des capacités uniques. Le renne par exemple (ou caribou au Canada), s’est spécialisé dans le lichen qu’il trouve sous la neige en hiver. L’absence de concurrence est une garantie de survie pour l’espèce. De plus, le lichen fermente dans son rumen, ce qui génère de la chaleur et lui permet de maintenir sa température sans activité physique (et donc sans dépense d’énergie).
La toundra est également caractérisée par une saison d’été très courte et une température moyenne inférieure à 10° de juin à août. Le maintien de ces températures est essentiel pour la survie du renard polaire. Malheureusement, des records de température sont régulièrement enregistrés en Arctique.
Le renard polaire occupe exclusivement le biome de la toundra, et en grande partie la toundra arctique. Mais historiquement, l’aire de répartition du renard polaire s’étendait également sur la toundra alpine. Aujourd’hui, seuls quelques individus subsistent dans les montagnes de Norvège et en Laponie suédoise et finlandaise, où les tentatives de réintroduction se succèdent, avec peu de réussite.
Le renard polaire est une espèce essentielle à la toundra, tant il joue un rôle de régulation des populations de rongeurs, de dissémination des graines et de fertilisation des sols.
L’impact du renard sur son environnement immédiat
Le renard polaire est considéré comme une espèce ingénieure dans son écosystème (la toundra).
En effet, les renards établissent leurs terriers essentiellement dans des zones de faible productivité végétale, autrement dit, des zones où les sols sont pauvres. Plusieurs études ont démontré l’impact positif de l’activité du renard polaire sur l’environnement immédiat des terriers.
Les chercheurs ont étudié à la fois la productivité végétale et le taux de verdissement dans les zones de terriers de renards polaires. Et dans les deux cas, il en ressort que l’activité des renards favorise la végétation. En été, la quantité d’azote présente dans le sol est supérieure de 70%, et celle de phosphore est supérieure de 1195%.
Ces effets se maintiennent même sur sur le long terme, dépassant la durée de vie des renards.
Il n’existe par contre pas d’étude à proprement parler sur les écosystèmes créés par l’activité des renards polaires. Les question qui restent en suspens sont notamment :
- Y’a t-il des espèces végétales qui se sont spécialisées dans les écosystèmes liés au renard polaire ?
- Y’a t-il des espèces animales qui bénéficient des écosystèmes liés au renard polaire ?
- La présence de ces oasis de verdure a-t-il un impact sur les écosystèmes à proximité immédiate de ces zones ?
En Islande, il n’est pas rare d’observer de telles oasis, avec une végétation plus haute et une densité élevée de plantes comme l’Angélique officinale. La réserve naturelle de Hornstrandir où les renards polaires bénéficient d’abondance de nourriture (les oiseaux de mer) en est un très bon exemple.
Les sous-espèces de renard polaire
Une sous-espèce est un groupe au sein d’une même espèce qui a acquis des caractéristiques génétiques propres. Cette classification se situe entre l’espèce et la variété. Les individus d’une sous espèces peuvent se reproduire avec des individus de l’espèce dont ils dépendent, ou les individus d’une autre sous espèce.
En ce qui concerne le renard polaire, nous ne connaissons probablement pas toutes les sous-espèces qui existent, mais quatre ont déjà été décrites :
- Renard arctique d’Islande, Vulpes lagopus fuliginosus
- Renard arctique des îles Béring , Vulpes lagopus beringensis
- Renard arctique du Groenland, Vulpes lagopus foragoapusis
- Renard arctique des îles Pribilof , Vulpes lagopus pribilofensis
Ces quatre sous-espèces vivent sur des îles plus ou moins grandes. Elles sont donc isolées des autres populations de renards polaires. Par exemple, hors période glaciaire, le renard polaire du Groenland ne peut pas rencontrer le renard polaire d’Islande.
Les renards polaires nomades
Nous n’avions aucune idée des territoires parcourus par les renards polaires, et nous étions loin d’imaginer les résultats qui ont été publiés en 2019 par l’institut polaire norvégien (Norwegian Polar Institute). Les chercheurs Eva Fuglei et Arnaud Tarroux ont équipé une renarde polaire du Spitzberg (Svalbard) d’une balise GPS avant la période de dispersion (lorsque les jeunes renards se mettent en quête d’un territoire).
Les chercheurs ont pu suivre cette renarde polaire qui a quitté le Spitzberg le 26 mars 2018 et atteint l’île d’Ellesmere au Canada 76 jours plus tard. La renarde a alors parcouru 3506 km. C’est la plus grande traversée jamais enregistrée pour un renard polaire.
Cette renarde polaire s’est déplacée à un rythme moyen d’environ 46 km par jour à travers la banquise et des glaciers.
En passant par le nord du Groenland, à une latitude de 84,7°N, elle a réduit la distance à parcourir.
La renarde polaire qui a été étudié par l’institut polaire Norvégien était de couleur bleue, soit plus adaptée aux régions cotières du sud de l’Arctique et aux ressources marines. En s’installant sur l’île d’Ellesmere, elle a changé d’écosystème pour un réseau alimentaire incluant les lemmings.
Cette étude est une excellente base de travail dans le cadre de la réintroduction des renards polaires en Europe continentale. Pour le moment, cette réintroduction est un échec car les renards ne sont pas assez résistants génétiquement. Il faut dire qu’ils dépendent toujours de l’humain pour trouver de la nourriture.
Avec une diversité génétique plus importante, les renards polaires norvégiens seraient en meilleure santé et mieux armés pour faire face aux périodes de pénurie de rongeurs.
La compétition entre le renard roux et le renard arctique
Cette question est encore sujet à débat : le réchauffement climatique favorise t-il le renard roux au détriment du renard polaire ?
En effet, le renard roux est observé de plus en plus au nord, dans des zones habituellement occupées exclusivement par le renard polaire. Mais la réponse n’est pas si évidente. Si de nombreux photographes animaliers et naturalistes ont mis en évidence la prédation du renard polaire par le renard roux, certaines études tendent à démontrer le contraire. Les chercheurs canadiens et québécois Daniel Gallant, Brian G. Slough, Donald G. Reid et Dominique Berteaux, ont étudié l’occupation des terriers de renards roux et polaires au nord du Yukon durant 4 décennies. Malgré le fait que la zone d’étude connaît le plus important réchauffement climatique d’Amérique du Nord, l’occupation des terriers semble inchangée.
Leur conclusion remet en question l’hypothèse liant le réchauffement climatique à l’expansion du renard roux.
D’autres études sur ces deux espèces sont en cours. La question reste importante car si les chercheurs démontrent une corrélation entre le réchauffement climatique et l’expansion des territoires du renard roux, la surveillance de ces deux espèces que sont le renard roux et le renard polaire deviendrait un bon indicateur du réchauffement climatique.
Par contre, la question ne se pose pas dans les îles de l’Atlantique nord comme le Svalbard ou l’Islande où le renard roux est absent. Le renard polaire islandais ne connaît aucune compétition, ni aucune prédation, à part celle de l’humain.
L’impact du bouleversement climatique sur les renards polaires
Nous savons d’abord que le réchauffement climatique va avoir un effet important sur la distribution et l’abondance d’espèces animales et végétales. Nous savons ensuite que l’Arctique est l’une des régions où le réchauffement climatique est le plus marquant. Enfin, le renard polaire étant un mammifère qui dépend exclusivement de la toundra, le recul de ce biome au détriment de forêts boréales (la taïga) provoquerait également la disparition de l’habitat unique du renard polaire.
Toutefois, nous avons très peu d’informations sur l’impact du réchauffement climatique sur le renard polaire à court et moyen terme. Il est donc trop tôt pour tirer des conclusions définitives sur le sujet. Néanmoins, nous enrichirons cette section avec la publication de nouvelles études sur le sujet.
Les maladies du renard polaire
Les renards polaires sont sujets à de nombreuses maladies et parasites. Certaines de ces maladies sont présentes dans leur milieu naturel, d’autres sont importées par l’humain via le chien domestique. A titre d’exemple, la population de renards polaires de l’île Medny a chuté d’environ 90% suite à l’introduction de la gale des oreilles (Otodectes cynotis) via les chiens domestiques.
Les pathogènes et parasites les plus communs sont :
- La rage arctique : Cette forme de rage existe uniquement au-delà de 55°N. Elle est aussi bien transmise par le renard arctique que par le renard roux. Elle est considérée comme une question de santé publique au Canada.
- La gale des oreilles (Otodectes cynotis) : Cette maladie de la peau causée par un acarien concerne surtout les chiens et les chats. Mais des populations de renards polaires ont été contaminées par l’intermédiaire des animaux domestiques.
- L’encéphalitozoonose (Encephalitozoon cuniculi) : Cette infection parasitaire connue pour toucher les lapins touche également les renards polaires. En Islande, les chercheurs soupçonnent cette maladie de jouer un rôle important dans la dynamique des populations.
- Infestation de Trichinella : responsable de la trichinose, ces vers parasites semblent toucher uniquement les renards polaires qui se nourrissent de carcasses d’ours polaires. La Trichinella n’est donc pas présente en Islande et en Scandinavie.
- L’encéphalite : Cette maladie du cerveau a fortement touchée les populations de renards polaires de Scandinavie.
Connaître les maladies des renards polaires est primordial pour les régions comme l’Europe continentale où des tentatives de réintroduction sont en cours. En effet, la faible diversité génétique de ces populations les rend particulièrement vulnérables à ces maladies.
Statut de conservation du renard polaire
L’Union internationale pour la conservation de la nature a accordé au renard polaire le statut de préoccupation mineure. Autrement dit, le renard polaire n’est pas une espèce menacée. Toutefois, ce statut est global et ne prend pas en compte les particularités régionales. En Europe par exemple, le renard polaire est en danger (environ 200 individus répartis sur la Norvège, la Suède et la Finlande). La Finlande l’a même classé en danger critique d’extinction.
La population de renards polaires des îles Medny est également en grand danger suite à l’épidémie de la gale des oreilles. Aujourd’hui seulement une centaine d’individus vivent sur l’île.
Durant le 20e siècle, le marché du commerce de la fourrure a menacé les populations de renard polaire dans tout l’Arctique. Dans les années 60 et 70, lorsque l’activité a atteint son niveau le plus élevé, la Russie a abattu plus de 100 000 renards polaires certaines années, le Canada plus de 68 000 et les Etats-Unis plus de 17 000. Ce commerce a été la principale source de revenus de beaucoup de famille Inuits. L’effondrement du marché de la fourrure a conduit petit à petit à la diminution de la chasse au renard polaire pour sa fourrure.
Taxonomie
Le renard polaire est un mammifère du genre Vulpes, qui englobe les 12 renards actuellement existants. 4 autres espèces faisant partie du genre ont aujourd’hui disparu.
Le genre Vulpes fait partie de la famille des canidés qui compte, entre autres, les différentes espèces de loups et de chacals.
Carl Linnaeus, biologiste et père de la taxonomie moderne, a été le premier à décrire le renard polaire et à lui attribuer le nom de Canis lagopus. Le renard polaire a ensuite été classé dans son propre genre, Alopex lagopus, avant que des études génétiques ne viennent prouver définitivement son appartenance au genre Vulpes.
Le plus proche cousin du renard polaire est le renard nain, dont l’aire de répartition est aujourd’hui limitée au sud-ouest des Etats-Unis et au Mexique. Ces deux espèces ont divergé il y a un peu moins d’un million d’années, alors que le renard polaire et le renard roux ont divergé il y a environ 3,7 millions d’années.
Les renards sont un formidable sujet d’études pour comprendre l’évolution des espèces et les adaptations aux différents biomes. Ces 12 espèces sont présentes partout dans le monde et présentent chacune des caractéristiques physiologiques et morphologiques propres aux biomes où elles évoluent.
Origines du renard polaire
En 2010, une mâchoire de Vulpes qiuzhudingi a été découverte sur le plateau du tibet par le paléontologiste Zhijie Jack Tseng. Vulpes qiuzhudingi est un ancien hypercarnivore aujourd’hui disparu et il possède de nombreuses similarités avec le renard polaire. Une théorie est alors née : Et si Vulpes qiuzhudingi était l’ancêtre du renard polaire ?
Cette théorie étudie notamment la possibilité que le plateau du tibet, également appelé “le troisième pôle”, ait été une sorte de terrain d’entraînement pour de nombreuses espèces qui ont ensuite rejoint l’arctique durant les périodes glaciaires. Cette théorie porte le nom de « out of Tibet« .
Cette théorie est à contrebalancer avec d’autres travaux. Par exemple, une étude Russe s’est intéressée à l’ADN de renards polaires fossilisés découverts dans des grottes de l’Oural. Les scientifiques ont comparé ces ADN avec ceux de renards modernes. Les résultats nous montrent qu’il n’y a aucune connectivité entre ces deux ADN. Autrement dit, les ancêtres des renards polaires qui vivaient dans des régions de basses latitudes durant l’ère glaciaire ont tout simplement disparu lors du réchauffement, il y a environ 11 700 ans. Ce ne sont pas les ancêtres des renards polaires qui vivent en Arctique aujourd’hui.
Le renard polaire est l’un des survivants du Pléistocène (l’ère glaciaire). Comme d’autres petits mammifères et oiseaux (lemmings, lagopèdes alpins …), cette espèce a su trouver refuge en Arctique alors que de plus grandes espèces comme le Mammouth laineux ou le rhinocéros laineux ont disparu. En d’autres termes, le renard polaire est un survivant d’une époque où une grande partie de l’hémisphère nord était recouverte de glace, et où la France et l’Espagne étaient de vastes toundra.
Le renard polaire et l’humain
On ne peut pas dire que l’humain a rendu la vie facile au renard polaire, ni aux autres prédateurs terrestres d’ailleurs. La relation entre l’humain et le renard a toujours été une relation conflictuelle, de concurrence, souvent à tort.
Le renard polaire étant un animal essentiel à son biome, l’humain bénéficie directement ou indirectement des avantages de sa présence. Mais partout dans le monde, la folie dominatrice et meurtrière de l’homme semble prendre le dessus, faisant du renard polaire (et des autres espèces de renards) une cible privilégiée.
Les renards polaires, comme les renards roux, ont de tout temps fait partie de la culture des humains. A travers la mythologie, les contes, les croyances, mais aussi dans la vie quotidienne des agriculteurs aux frontières de l’arctique ou des chasseurs Inuits.
Les renards ont toujours eu une place parmi nous. Si on observe les renards et les humains, on se rend vite compte que les deux espèces se ressemblent : opportunisme, résilience et exploration ont amené l’humain, comme le renard, à coloniser la planète entière, ou presque.
Sur la vidéo ci-dessous, nous avons observé un renard polaire islandais blanc utilisant régulièrement un vieux bateau comme abri contre le vent et les intempéries.
Mythes et légendes sur le renard polaire
Les renards polaires sont les personnages principaux de nombreux contes populaires, mythes et légendes à travers l’Arctique. Ce petit animal a de tout temps fasciné les humains par sa capacité à survivre là où l’humain ne le pouvait plus. Par son opportunisme, le renard arctique nous rappelle également notre propre comportement.
Le mythe du renard polaire en Finlande
En Finlande, le renard polaire est associé aux aurores boréales. La légende raconte que durant la nuit polaire, les renards courent dans le ciel à très grande vitesse et balaient la neige avec leur queue. Dans leur course folle, ils soulèvent les cristaux qui, reflétant la lumière de la lune, créent les aurores boréales.
Aujourd’hui encore, le mot utilisé en Finlande pour les aurores boréales est “revontulet”, qui signifie renard de feu.
Le renard polaire a sauvé les Dénés de la famine
Chez les Dénés, une ethnie faisant partie des Premières Nations au nord-ouest du Canada, le renard polaire est le sauveur de l’humanité. La légende veut que durant une période de grande famine, les humains, qui n’avaient plus rien à manger, remarquèrent que le grand corbeau qui leur rendait visite chaque jour semblait toujours bien nourri.
Un jour, le renard polaire décida de suivre le corbeau et découvrit l’endroit où il avait caché le caribou. Il revint alors au village avec sa proie et l’offrit aux Dénés, les sauvant d’une mort certaine.
Une grande fête a eu lieu et les Dénés ont partagé le caribou avec le renard.
Kitsune, le renard blanc japonais
Au Japon, la religion shintoïste parle de renards blancs, les “Kitsune”, dotés de pouvoirs magiques. Ils sont les messagers de la divinité Inari auprès des humains.
On trouve dans les temples dédiés à la divinité Inari au Japon des statues et représentations des Kitsune. Ces statues portent souvent dans leur gueule un objet précieux comme un bijou ou même un renardeau. Les fidèles déposent des offrandes au pied des représentations de Kitsune.
Les Kitsune ont plusieurs queues, qu’ils acquièrent avec l’âge, jusqu’à atteindre 9 queues. En vieillissant, ils acquièrent également de nouveaux pouvoirs magiques.
L’origine du jour et de la nuit d’après les inuit
La nature et les animaux sont une part très importante de la mythologie Inuit. Les ours polaires, les baleines, les renards polaires ou les morses sont les personnages principaux de ces histoires ancestrales.
Dans les temps anciens, la terre était sombre, aucune lumière ne venait éclairer les humains et les animaux. A cette époque, les humains pouvaient se transformer en animaux et les animaux en humains. Mais bizarrement, tous les ours, les renards, les lièvres et les autres animaux qui se transformaient en humain parlaient la même langue, avaient la même culture et construisaient les mêmes maisons.
A cette époque, les mots étaient magiques. Un mot prononcé pouvait prendre forme, ou devenir une réalité.
Un jour, un renard polaire et un lièvre arctique discutaient dans l’obscurité. Le lièvre prononçait sans cesse le mot “jour”, car il lui permettait de trouver de la nourriture plus facilement. Le renard polaire lui, prononçait le mot “nuit” car il pouvait voler la nourriture des humains dans l’obscurité. Soudain, le soleil se leva et la lumière fut, exauçant le rêve du lièvre.
Depuis cette époque et cette conversation entre le renard et le lièvre, l’alternance du jour et de la nuit permet à tous les animaux de trouver de la nourriture.
Histoire du renard polaire en Islande
Le renard polaire a colonisé l’Islande durant la dernière ère glaciaire, qui a commencé il y a 115 000 ans et s’est terminée il y a 11 700 ans. Il a alors utilisé la banquise pour se déplacer jusqu’en Islande, qui était elle-même sous la glace.
A la fin de l’ère glaciaire, la fonte des glaces l’a isolé des autres populations de renards polaires. C’est la principale raison pour laquelle le renard polaire d’Islande est une sous-espèce, ayant évolué indépendamment des autres sous-espèces.
Le renard polaire islandais s’est alors retrouvé dans une situation inédite, sur une terre où les lemmings sont totalement absents. Dès lors, il a dû adapter son régime alimentaire et s’orienter vers d’autres proies comme les oiseaux marins et les lagopèdes alpins.
Les populations d’oiseaux marins sont stables en Islande. En effet, elles ne connaissent pas de fluctuations comme le lemming en Arctique. De ce fait, la population de renards polaires d’Islande est plus stable.
En revanche, le lagopède alpin connaît des fluctuations cycliques. Les renards de l’intérieur des terres, qui dépendent en partie de cette espèce, peuvent donc subir ces fluctuations. Même si, avec la hausse des populations d’oiseaux migrateurs, ces renards dépendent de moins en moins des lagopèdes.
Enfin, même si des rongeurs ont été introduits par l’humain il y a 1100 ans, ils ne sont qu’une infime partie du régime alimentaire du renard polaire islandais.
Aujourd’hui, plus de 7000 renards polaires vivent en Islande. La population est en hausse, mais reste concentrée dans les parcs nationaux et les régions isolées. La chasse est encore autorisée dans le pays et 56 000 renards polaires ont été tués entre 2010 et 2020. L’Etat islandais subventionne cette chasse qui est devenu un loisir rentable, mais de nombreuses voix dans le pays s’élèvent pour dénoncer ces massacres et leur coût.
Photographier le renard polaire
L’équipement pour photographier le renard polaire dépend clairement des régions. Si la chasse est pratiquée dans la zone où vous vous rendez, alors il faut prévoir un équipement d’affût et un téléobjectif de 400mm minimum.
En revanche, dans les réserves naturelles et autres zones protégées où la chasse est interdite, les renards polaires sont peu craintifs. Cela ne signifie pas qu’il est permis d’interagir avec eux. En effet, ils restent des animaux sauvages et il faut garder une bonne distance et un comportement responsable pour les protéger. Néanmoins, il n’est pas nécessaire de se camoufler dans ces régions, au contraire. Permettre aux renards de vous identifier et de connaître votre position est plus sécurisant pour eux.
Dans les deux cas, nous vous conseillons de privilégier de longues focales (600 mm est l’idéal) pour photographier les renards polaires sans les déranger. C’est ce que nous conseillons aux participants de notre stage photo renard polaire en Islande.
Si vous projetez de vous rendre dans des zones de terriers pour photographier des renardeaux polaires, alors vous devez être encore plus prudents. Les règles de base sont de conserver une certaine distance avec les terriers et de laisser plutôt les renardeaux s’approcher de vous. Par ailleurs, il ne faut jamais détourner les parents de leur objectif qui est de nourrir les petits. Pour cela, évitez de vous positionner sur les chemins que les adultes empruntent.
Enfin, si vous cherchez une agence pour vous accompagner dans un voyage photo à la rencontre du renard polaire, n’hésitez pas à nous contacter pour en discuter.
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